Pourquoi l’autonomisation des jeunes et des professionnels en début de carrière permettra d’assurer la santé des océans au cours de cette décennie

C’était au début du mois de septembre ; j’étais à bord du Polar Prince, un navire appartenant à des Autochtones et ma maison pour les huit prochains jours en tant que participante à la toute première expédition de conservation des océans de la Fondation SOI. Je me suis assise sur une chaise à l’ombre du hangar en acier qui me protégeait de la chaleur du soleil éclatant et des vents violents qui commençaient à souffler sur l’océan Atlantique.
Après avoir fait nos adieux au littoral d’Halifax (connu sous le nom de Kjipuktuk en micmac), nous avons regardé le soleil se coucher sur d’énormes houles formées par un ouragan au large des côtes de Terre-Neuve. Une lune de moisson s’est levée sur la mer sombre et agitée.
Des participants d’âges et de cultures diverses provenant de lieux géographiques différents au Canada et occupant des rôles différents dans le domaine océanique se sont assis en cercle à l’arrière du brise-glace pour se présenter et partager ce que l’océan représente pour eux.
Des artistes, des professionnels des médias, des chercheurs, des éducateurs, des représentants de l’industrie, le capitaine, l’équipage et des jeunes ont partagé des histoires et des réflexions sur leur lien avec l’océan. J’ai tout de suite ressenti un sentiment collectif de passion, d’espoir et d’intérêt pour la mer, ainsi que l’envie d’en apprendre davantage sur les environnements côtiers et marins de la côte est de la Nouvelle-Écosse et de la baie de Fundy et de les explorer.
« L’océan est mon endroit préféré », ai-je dit. « C’est l’endroit vers lequel je me tourne toujours pour trouver le calme et la joie. »
Pour moi qui suis plongeuse, navigatrice et conteuse, l’océan a souvent suscité un sentiment d’émerveillement et de créativité. Chaque fois qu’une vague se frayait un chemin sur le rivage ou que la nageoire d’une baleine à bosse brisait la surface de l’eau, ce sentiment m’habitait.
Le lien que j’ai avec l’océan et le sentiment que me procure ce monde aquatique est exactement la raison pour laquelle je me sens responsable du soin et de la protection des environnements côtiers et marins au Canada et dans le monde entier. Le travail que je fais pour inspirer les gens à cultiver un lien avec l’océan et à en prendre soin ne peut être accompli seul. En tant que professionnelle de l’océan en début de carrière (ECOP), j’ai besoin de m’entourer d’une communauté qui me donne les moyens d’agir et me donne accès à des débouchés significatifs pour créer des changements en vue d’un océan sain.
Il y a presque un an, j’ai trouvé cette occasion et cette communauté en me joignant à ECOP Canada en tant que coordinatrice nationale (ou, comme j’aime le dire, meneuse de claque marine). Mon rôle consiste à renforcer la voix de mes collègues en début de carrière dans le domaine des océans afin qu’ils puissent se faire entendre et participer aux conversations et aux décisions de haut niveau concernant l’avenir de nos océans.

ECOP est un programme international approuvé par la Décennie des Nations Unies pour l’océanographie au service du développement durable, qui vise à élever et à renforcer les perspectives diverses des nouvelles générations de professionnels de l’océan. Le nœud canadien a été lancé en 2021 par les professionnelles en début de carrière Neha Acharya-Patel, Samantha McBeth et Ronnie Noonan-Birch, qui forment actuellement le comité directeur d’ECOP Canada.
La Décennie des Nations Unies pour l’océan (2021-2030) est l’occasion pour la communauté mondiale de prendre des décisions importantes pour l’avenir de l’océan et de créer des solutions innovantes et durables pour en restaurer la santé. Le renforcement des capacités, la connaissance de l’océan et la suppression des obstacles à la pleine diversité des sexes, des générations et des zones géographiques sont des éléments essentiels de la Décennie.
Les huit prochaines années apporteront des changements et des effets durables au-delà de 2030 dans la façon dont nous interagissons avec l’océan. Nous sommes à une époque charnière où le leadership, l’innovation et les technologies émergentes pourraient nous aider à faire face aux défis environnementaux et à les résoudre, tout en mettant de nouveaux secteurs océaniques en place.
Les jeunes et les professionnels en début de carrière seront ceux qui hériteront des décisions prises aujourd’hui concernant l’océan. En renforçant leur voix par l’apprentissage par l’expérience, la création d’un lien avec le littoral et le renforcement des capacités et des communautés, nous pouvons donner à ces leaders d’aujourd’hui et de demain les moyens de mettre en œuvre des solutions innovantes pour un océan sain. Cela aidera également le Canada à devenir un chef de file international et à se doter d’une économie bleue qui est durable sur le plan environnemental, équitable sur le plan social, et viable sur le plan économique.
Le lien que nous cultivons avec la nature et avec les communautés nous aide à garder espoir quant à l’avenir de la planète et des personnes, des environnements et de la biodiversité dont nous dépendons et dont nous prenons soin. Quatre jeunes de la nation Wolostoqey se sont joints à l’expédition à St. Andrews-by-the-Sea, au Nouveau-Brunswick, et m’ont rappelé à quel point la création d’expériences permettant aux jeunes d’apprendre à connaître l’océan et de s’y connecter peut avoir un impact.
Pour certains des jeunes des Premières Nations qui ont participé à l’expédition de conservation des océans, c’était la première fois qu’ils montaient à bord d’un navire et passaient des jours en mer. Ils ont pris part à des initiatives scientifiques et de conservation en se joignant à des chercheurs pour déployer des casiers à homards et des capteurs climatiques et recueillir des données, en discutant des possibilités de carrière dans le secteur océanique avec ECO Canada, en nageant dans les eaux froides de l’océan, en observant les baleines à bosse faire surface et interagir avec leur environnement marin, et en explorant les aires marines protégées et les communautés côtières le long des rives de la baie de Fundy.
En écoutant les jeunes Wolastoqey nous parler des expériences et des points de vue qui les ont incités à créer des œuvres d’art et à explorer de nouvelles voies professionnelles, j’ai ressenti un profond espoir : la création de liens significatifs avec l’océan et l’appartenance à une communauté sont la clé pour donner aux gardiens de l’océan d’aujourd’hui et de demain les moyens d’agir pour la santé de l’océan. Les décisions prises aujourd’hui au sujet de l’océan auront une incidence sur toutes les générations au cours de la Décennie de l’océan et au-delà.
Sans mon lien avec l’océan et le privilège de travailler et de jouer dans les eaux salées du Canada, je serais perdue. Donner aux jeunes et aux professionnels en début de carrière les moyens de prendre soin d’un océan sain et de s’entraider n’aura pas seulement une incidence sur l’avenir de notre planète, mais changera également le cours de nos propres vies.
Merci à la Fondation SOI d’avoir invité ECOP Canada à participer à l’expédition de conservation des océans, et un merci spécial aux artistes, aux chercheurs et aux éducateurs à bord du navire qui m’ont donné envie de continuer à collaborer avec des chefs de file de l’océan de tous les horizons pour prendre soin de mon coin de paradis et le protéger.