Ocean Conservation Expedition: September 7-30, 2022 – Full Recap
Que représente l’océan pour vous ?
C’était une des questions récurrentes lors de la toute première expédition de conservation des océans de SOI, et les réponses de nos participants étaient très variées.
Pour certains, l’océan était un foyer, une histoire, une découverte et une inspiration. Pour d’autres, c’était une mère, un professeur et une salle de classe. Pour les uns, il représentait le mystère et les possibilités, mais aussi la vie, étant donné son rôle dans l’écosystème qui nous fait vivre, y compris dans un souffle sur deux que nous prenons.
Un participant à l’expédition a déclaré que l’océan nous relie, et en fin de compte, c’était l’objectif principal de ce voyage de 22 jours qui nous a amené le long de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse et dans la baie de Fundy.

Nous sommes partis à bord du navire NM Polar Prince, le même brise-glace bien-aimé qui nous a transportés d’un océan à l’autre lors de l’expédition historique Canada C3 en 2017 et qui appartient désormais à des Autochtones. Cinq ans après Canada C3, cette expédition pour la conservation des océans a été une occasion unique de mettre en relation divers Canadiens et diverses organisations travaillant sur les questions relatives aux océans, notamment la conservation des océans, la connaissance des océans et une économie bleue durable. Au sens propre comme au sens figuré, elle a fourni un moteur pour la recherche et l’intendance des environnements côtiers et marins, y compris les aires marines protégées et d’autres mesures efficaces de conservation par zone.
Notre expédition, qui a rassemblé plus d’une centaine de participants issus des milieux de l’éducation et de la recherche, des représentants et leaders des communautés autochtones, des artistes, des acteurs de l’industrie et des médias et des jeunes, avait pour objectif de créer des partenariats, de renforcer les compétences et de tisser des liens. Nous espérions que ce mélange d’intérêts et de points de vue permettrait de mieux comprendre des enjeux océaniques, de recueillir des données, de générer des idées, des discussions et des stratégies, et de nous aider à répondre à certaines questions essentielles, telles que : Comment pouvons-nous collectivement être de meilleurs intendants et conserver l’océan ? À quoi ressemble une économie bleue durable au Canada ? Qu’est-ce que la connaissance des océans et pourquoi est-elle si importante ? Pourquoi continuons-nous à maltraiter l’océan que nous aimons manifestement tous ?
« La valeur se manifeste et la magie se produit lorsque vous arrivez à lier les différentes parties prenantes et à favoriser des relations et des partenariats. Nous partons d’ici en tant que collectif inspiré. »
– Geoff Green, fondateur de SOI et chef d’expédition
Pour Karel Allard, coordonnateur des aires marines protégées au Service canadien de la faune, la beauté du voyage a été la possibilité de parler sans limites de temps, plutôt que de se contenter d’une petite demi-heure mise au calendrier.
« Il n’y a pas de fin à cette conversation, » affirme-t-il. « Cette expédition a ouvert de nombreux débouchés et les conversations peuvent se poursuivre à tout moment. »
Son collègue Doug Hynes, technicien dans le domaine des aires protégées, a été agréablement surpris par la diversité des participants, notamment chez les étudiants, ainsi que par la diversité des domaines de recherche.
« Il n’y avait pas que des sciences biologiques, » a-t-il expliqué. « L’expérience a été vraiment riche et immersive. Il y a tellement de conversations en cours – on plonge tout de suite dans le vif du sujet. »

À bord, les chercheurs ont partagé des détails sur le travail qu’ils effectuaient chaque jour et sur la manière dont il était lié aux efforts de conservation marine. Cela a suscité de nombreuses discussions au sein du groupe sur la manière de protéger ces lieux.
L’observateur d’oiseaux marins Rick Ludkin, qui a passé une grande partie de l’expédition installé sur le pont du navire, a déclaré que le recensement des oiseaux est normalement un travail tranquille et solitaire qui implique de se lever tôt et de se coucher tard.
« Ce voyage a été très différent à cet égard », a-t-il affirmé. « Et ç’a été très agréable ! »
Les autres participants visitaient régulièrement son poste d’observation, voulant savoir ce qu’il voyait et en savoir plus sur les différentes espèces. Cela déclenchait des conversations sur leur travail dont il tirait des enseignements.
« Les gens voulaient discuter des enjeux et partager leurs idées, » a-t-il dit. « Le niveau d’interaction était assez incroyable. »

Brogan Regier, étudiante à l’Université d’Acadia qui a participé à l’expédition pour étudier le varech, faisait partie des nombreux jeunes autochtones et non autochtones (de 18 à 25 ans) de l’expédition. Elle a savouré cette occasion de faire partie de l’équipe et de nouer des liens avec les autres participants, compte tenu de leur éventail d’expertise et de domaines de recherche.
« Chaque jour, j’en apprenais davantage sur des sujets auxquels je n’avais jamais vraiment pensé auparavant, » a-t-elle déclaré. « Je pense que plus de personnes qui travaillent ensemble vers le même objectif avec des perspectives et des antécédents différents, meilleures sont les solutions que nous pouvons créer. »
– Brogan Regier, Université Acadia
D’ailleurs, il n’y avait pas meilleur moment pour se rassembler, car l’océan a plus que jamais besoin de notre attention. C’est la Décennie des Nations Unies pour l’océanographie au service du développement durable, au cours de laquelle le Canada s’est engagé à protéger 30 % de nos océans d’ici 2030. Au cours des prochains mois, le Canada accueillera deux conférences mondiales très importantes, la Conférence des Nations Unies sur la biodiversité (COP15) à Montréal et la Conférence internationale sur les aires marines protégées (IMPAC5) à Vancouver. Le Rapport spécial sur l’océan et la cryosphère dans un climat en évolution du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations Unies a récemment détaillé les effets du changement climatique sur l’océan et la cryosphère, ainsi que les incidences et les risques associés pour les sociétés humaines, la biodiversité et les écosystèmes.
Un océan sain signifie une planète saine. Il est urgent que nous agissions ensemble d’ici 2030, et nous devons agir maintenant à plusieurs niveaux. Le Canada s’est fixé des objectifs à plus court terme : préserver 25 % de nos terres, océans, rivières et lacs d’ici 2025 et 30 % d’ici 2030. S’il atteint ses objectifs, il doublerait la taille de toutes les aires protégées au Canada à ce jour.
Protéger ce qui permet la vie sur cette planète après tant d’années de mauvais traitements n’est pas une mince affaire. Il y a toutefois de l’espoir à trouver dans l’amour que tant de gens vouent à l’eau. Comme l’a déclaré Geoff Green au début de notre voyage : « Au cours des 30 dernières années passées à mener des expéditions d’un pôle à l’autre, je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ne souhaite pas avoir un océan, une rivière ou un lac en bonne santé. Ce point commun est source d’espoir. » Cela était évident pour tous les participants à notre expédition, pour toutes les personnes que nous avons rencontrées dans les communautés côtières et pour les différents environnements marins de cette région écologiquement unique.

En cours de route, nous avons appris que l’extraordinaire baie de Fundy ne se résume pas aux marées les plus hautes du monde et à ses célèbres falaises rouges. Nous avons été témoins de nombreuses merveilles et avons compris ce qui rend cette région si importante au niveau régional et mondial. Nous avons compris directement à quel point ces eaux et ces rivages sont importants sur le plan culturel, écologique et économique.
« L’extérieur de la baie de Fundy est l’un des endroits les plus diversifiés et les plus productifs que nous ayons au Canada. C’est aussi l’un de ceux qui évoluent le plus rapidement en termes d’augmentation de la température et des effets du changement climatique, qui sont plus rapides ici que dans 99 % de l’océan. Nous nous situons donc dans le premier centile. Et cela rend cette zone très spéciale, presque comme un laboratoire pour comprendre les effets du changement climatique sur la biodiversité, et ce que nous pouvons faire pour mieux la protéger face au changement climatique. »
– Boris Worm, écologiste marin, Université Dalhousie
Il y a tant de choses que nous ne savons pas sur ce monde sous-marin merveilleux et mystérieux. C’est pourquoi la recherche est si importante pour guider les efforts de protection et de conservation. Nous devons savoir ce qu’il y a à protéger et identifier les points chauds écologiques qui nécessitent le plus d’attention. C’est le travail qu’effectuent de nombreux scientifiques qui ont rejoint l’expédition. La collecte de données et d’échantillons sur le rivage, à la surface de l’océan et sous l’eau, dans des endroits importants et sensibles qui ne sont pas facilement accessibles, permet de dresser un tableau de la vie dans cette région.
Grâce au Polar Prince et à notre flotte de canots pneumatiques, notre expédition a pu atteindre les endroits les plus reculés et les plus difficiles d’accès. Lisa Doucette, scientifique au ministère des Ressources et des Énergies renouvelables de la Nouvelle-Écosse, a fait le bilan du terrain qu’elle et ses collègues ont pu couvrir : six îles en trois jours. Cela leur a permis de recueillir des échantillons d’ADN environnemental à 17 endroits et d’installer 16 caméras pour déterminer les espèces qui vivent sur les îles de la côte est de la Nouvelle-Écosse et si certaines sont envahissantes, afin de guider les efforts de restauration.
« L’année dernière, notre équipe, Doug et Karel, n’a réussi à se réunir que pour visiter quatre îles. En faire six en trois jours est donc une grande avancée en comparaison, en plus de porter la taille de notre échantillon à 10 îles. Toutes celles que nous avons visitées étaient sur notre liste l’année dernière et nous n’avons pas réussi à y aller. Dans le cadre de cette expédition, nous avons réussi à cocher la plupart de notre liste en trois jours ! L’équipe de SOI nous a trouvé des points de débarquement sûrs, nous a emmenés là-bas et nous a ramenés. C’était fantastique pour nous d’avoir cette occasion ! »
– Lisa Doucette, scientifique, ministère des Ressources et des Renouvelables de la Nouvelle-Écosse
Réussir à se rendre sur l’île Pearl, qui est très difficile à atteindre, était la cerise sur le gâteau. Les conditions n’étaient pas du tout favorables pour y débarquer, mais grâce à l’incroyable équipage du Polar Prince et à l’équipe d’expédition de SOI, nous avons pu y amener nos scientifiques.

« Cela fait probablement 10 ans que personne du gouvernement de la Nouvelle-Écosse ou, à ma connaissance, du gouvernement fédéral n’a mis les pieds sur cette île, » a expliqué Lisa Doucette. « C’était donc très excitant d’y aller. »
Elle et son équipe ont photographié toutes les plantes et ont recueilli de l’ADN environnemental et des échantillons de sédiments de carotte dans le seul et unique étang de l’île.
« J’espère que nous en apprendrons beaucoup plus sur cette île lointaine et qu’elle est en bonne santé, » a déclaré Lisa Doucette. « Les îles comme celle-ci sont très importantes, car elles ont tendance à rester plus vierges et sont les moins susceptibles d’avoir des animaux nuisibles. »
Étant donné la distance qui les sépare du large, ces îles servent également d’importants sanctuaires pour les oiseaux migrateurs.
Claire Goodwin, chercheuse au Centre des sciences marines Huntsman de St Andrews, au Nouveau-Brunswick, ainsi que Millie Mannering, plongeuse scientifique et boursière de la société de bourses d’études Our World Underwater de Rolex, ont pu collecter plus de 700 spécimens dans les habitats sous-marins de la baie de Fundy et de la côte de la Nouvelle-Écosse, grâce au laboratoire flottant de l’expédition de conservation des océans.
«Lors d’une expédition, on est normalement basé à terre. Ainsi, bien qu’on puisse se rendre sur un certain nombre de sites dans une zone donnée, on n’a pas normalement accès à autant d’endroits différents qu’en ce moment, sur ce navire. Cela facilite vraiment la visite d’un grand nombre de ces sites. C’est assez étonnant.»
– Claire Goodwin, chercheur scientifique au Centre des sciences marines Hunstman.
De retour à bord, son équipe a pu identifier les espèces d’invertébrés marins (escargots, étoiles de mer, vers, éponges) afin de les séquencer pour obtenir une partie de leur matériel génétique, appelé code-barres. Il s’agit de fragments d’ADN très courts qui sont uniques à chaque espèce et qui peuvent être utilisés pour les identifier sans recourir à la taxonomie traditionnelle.

Le projet de Claire Goodwin vise à alimenter des bases de données telles que le projet international de code-barres du vivant (Barcode of Life) afin qu’elles soient plus complètes. Ce travail est financé dans le cadre d’un programme de Pêches et Océans Canada visant à créer des outils de surveillance des aires marines protégées.
Depuis notre départ de Mulgrave, en Nouvelle-Écosse, le 7 septembre, jusqu’à notre arrivée à Dartmouth, le 29 septembre, nous n’avons manqué aucun des endroits que nous avions espéré visiter au cours de l’expédition. Même l’ouragan Fiona n’a pas fait dérailler nos plans, même si nous avons dû nous abriter dans le port de Shelburne pendant deux jours pour laisser passer la tempête. Fiona nous a rappelé de manière opportune et brutale le pouvoir de mère Nature et l’urgence de prendre au sérieux le changement climatique et l’adaptation à ce dernier. Les communautés côtières du Canada doivent se préparer à la sévérité accrue de ces tempêtes, combinée à l’élévation du niveau de la mer. Les efforts de conservation le long de nos côtes font partie de la solution pour être plus résilients face à cette menace toujours plus grande.
« La nature joue un rôle essentiel dans la protection de nos communautés côtières contre les tempêtes plus fréquentes et plus violentes que nous connaissons aujourd’hui. Les marais salés, les systèmes de dunes côtières et les îles-barrières jouent un rôle de résilience similaire au Canada à celui que jouent les récifs coralliens et les forêts de mangroves ailleurs. La restauration et la conservation de la nature là où la nature nous protège sont à la base de toute stratégie nationale d’adaptation au climat. »
– Craig Stewart, vice-président du changement climatique et des enjeux fédéraux, Bureau d’assurance du Canada
Tout au long du voyage, les nombreuses réussites en matière de conservation que nous avons rencontrées, notamment les réserves nationales de faune, les aires marines protégées, les parcs provinciaux et nationaux, nous ont encouragés et inspirés. Nous avons visité des zones qui sont protégées grâce à des groupes comme Conservation de la nature Canada et Nova Scotia Nature Trust, comme le projet « 100 Wild Islands ». L’émergence des aires et territoires du patrimoine autochtone et communautaire (APAC) est également l’un des efforts les plus significatifs et les plus cruciaux déployés dans tout le pays, et il est absolument essentiel pour atteindre ou dépasser nos objectifs de conservation au cours de la présente décennie. Nous avons également appris à quel point les communautés côtières et leurs moyens de subsistance sont liés à l’océan, et comment ces communautés sont essentielles pour aider à trouver des solutions durables qui fonctionnent à la fois à court et à long terme. Si la « santé des océans » est synonyme de « richesse des océans », il est certain que les intérêts de la conservation, de la culture et du commerce peuvent s’aligner.
Le succès de notre expédition est en grande partie dû à l’équipage de Miawpukek-Horizon à bord du Polar Prince, qui a fait tout fait en son possible pour contribuer à notre réussite. Qui d’autre créerait un côté abrité en positionnant un navire face au vent et à une houle de 3 mètres pour que nos canots pneumatiques puissent entrer dans l’eau et amener notre équipe à Pearl Island ?!

Proverbialement, notre « bateau » n’aurait pas été « à flot » sans le généreux soutien financier de Pêches et Océans Canada. Ce type d’investissement dans le soutien et la mise en relation de divers groupes travaillant sur la recherche océanique, la connaissance des océans, la conservation des océans et l’économie bleue durable est essentiel alors que nous nous efforçons de restaurer la santé des océans et de tendre vers un avenir durable.
Les nombreux partenaires qui se sont joints à nous ont été essentiels pour faire de cette expédition un succès très significatif. Il s’agit, sans ordre particulier, de Parcs Canada, du Service canadien de la faune, de l’Institut océanographique de Bedford, de la nation Peskotomuhkati, de la Première Nation Wolastoqey, de ACAP Saint John, d’ECO Canada, de Campobello Whale Rescue Team, du ministère des Ressources naturelles et des Énergies renouvelables de la Nouvelle-Écosse, du port d’Halifax, du port de Saint John, d’Ulnooweg, du Centre des sciences marines Huntsman, de l’Université Dalhousie, de l’Université Memorial, de la Supergrappe des océans du Canada, de la Coalition canadienne de la connaissance des océans, de Canada Goose, de Ocean Elders, de la station biologique de St Andrew, de la Garde côtière canadienne et du Musée canadien de la nature. Grâce à ces partenaires, les activités de recherche, de diffusion et de sensibilisation de notre expédition ont atteint des milliers de Canadiens partout au pays et continueront à lier, motiver et éduquer les publics dans les semaines et les mois à venir.
« Ensemble, nous avons réalisé plus que ce que nous espérions. Mais cette mission ne fait que commencer. La preuve en sera faite lorsque nous verrons quelles seront les prochaines étapes, que nous verrons qui fait quoi. Comment l’expédition agira-t-elle comme catalyseur pour les projets, initiatives et collaborations à venir, et pour la sensibilisation ? »
– Geoff Green, fondateur de SOI et chef d’expédition
Maintenant que nous avons mené à bien ce projet pilote, nous espérons qu’il servira de modèle de collaboration pour de futures expéditions le long d’autres parties du littoral canadien. C’est le souhait et la volonté de Geoff Green.
« Le Canada, qui possède le plus long littoral au monde, devrait être un chef de file dans tous ces domaines pour la santé et la durabilité des océans, » affirme Geoff Green. « Des plateformes comme celle-ci inspirent et facilitent la recherche, l’éducation, la conservation, l’innovation, la réconciliation, et plus encore. Nous devons mettre fin au travail en silo et donner l’exemple par des projets ambitieux, audacieux et courageux. Il en va de l’intérêt de tous. Notre expédition a montré la valeur et la promesse d’une telle démarche. Nous devons donc aller de l’avant. »