Ocean Conservation Expedition: September 24-26
C’est officiel. Nous avons couronné la reine du varech du Polar Prince. Il s’agit sans conteste de Brogan Regier. Cette étudiante de premier cycle en biologie marine de l’Université Dalhousie s’est jointe à l’expédition le 21 septembre et a passé chaque jour à recueillir des images vidéo sous-marines afin de déterminer où le varech pousse le long de la côte atlantique de la Nouvelle-Écosse et de prédire où il se déplacera en fonction du changement climatique.
Le varech est une plante très importante ! En plus de fournir de l’oxygène à la planète, elle constitue un habitat vital pour de nombreuses espèces marines, un lieu d’alevinage pour de nombreux poissons d’importance commerciale et une protection pour de nombreux petits organismes. Cependant, le varech est en déclin en raison des changements de température dus au climat.
« C’est pourquoi cet endroit est si important pour la recherche, car il s’agit d’une zone réactive au réchauffement, ce qui signifie que le varech y diminue beaucoup plus rapidement que partout ailleurs », explique Brogan Regier.
Alors qu’elle avait trouvé beaucoup de varechs pour confirmer et composer son modèle lundi dernier, c’est sur l’île Pearl qu’elle a trouvé le gros lot. Il s’agit d’une zone importante pour les oiseaux marins, et c’est pour cette raison que Pêches et Océans Canada envisage d’en faire une aire marine protégée. Le ministère envisage également d’élargir la zone pour englober tous les herbiers de varech, étant donné leur importance pour l’écosystème. Brogan devait montrer que le varech se trouvait bien là.

Lorsque nous sommes arrivés, les conditions océaniques ne semblaient pas favorables. Finalement, nous avons mis un canot pneumatique à l’eau pour emmener Brogan et d’autres membres de l’équipe scientifique sur le rivage. Ils ont dû descendre par une échelle de pilote le long du Polar Prince pour y accéder, car la houle de quatre pieds nous empêchait d’utiliser notre rampe habituelle. Grâce à un effort coordonné de notre équipe d’expédition et du merveilleux équipage du navire, toutefois, l’équipe scientifique a pu débarquer sur l’île Pearl.
« C’était extrêmement rocheux et les vagues étaient folles, mais une fois sur place, tout ce que je pouvais voir, c’était du varech. L’île était couverte de varechs et j’étais tellement excitée que j’ai cru que j’allais pleurer », raconte Brogan.
Submergée d’émotion par sa découverte, Brogan a dû s’y allonger pour reprendre ses esprits.

Mais il n’y a pas que du varech sur l’île Pearl. Selon Karel Allard, du Service canadien de la faune, « l’île Pearl a du punch, » parce qu’elle est un habitat rêvé pour les oiseaux et compte ainsi une grande diversité d’espèces d’oiseaux nicheurs. « Il y a peu d’îles de cette taille aussi loin des côtes. Cela rend l’accès à l’île difficile pour la plupart des mammifères prédateurs », explique-t-il.
Plus tôt dans la journée, nous avons visité le magnifique Cap Le Have, où nous avons exploré des canaux herbeux en canots pendant que nos équipes scientifiques et de plongée recueillaient des données et des échantillons.
Selon Karel, Cape Le Have est un « véritable joyau » parce qu’il y a très peu d’îles comme elle, c’est-à-dire grandes, non développées et relativement accessibles par le continent. Il n’est donc pas surprenant que des pressions aient été exercées pour qu’on y développe des infrastructures. Cependant, la municipalité de Lunenburg a conclu un accord avec le Nova Scotia Nature Trust afin de mettre en place une servitude pour la protéger. Karel pense qu’il est « plutôt significatif » que le site ait été mis de côté pour la nature et placé en fiducie pour les générations futures.
« Tous ces sites sont spéciaux », dit-il. « Ils jouent tous un rôle dans la construction d’un réseau fonctionnel d’aires protégées. Ainsi connectés, ils contribuent tous à ce réseau. »
Au cours de cette journée, nous avons été confrontés à toutes sortes de conditions météorologiques : des orages et des averses violentes, du brouillard et des éclaircies, ainsi que quelques vagues et de la houle pour faire bonne mesure. Ce fut certainement la journée la plus difficile de l’expédition. En revanche, le dimanche, lorsque nous avons visité le parc national de Kejimkujik Bord de mer, le ciel était bleu et le soleil était au rendez-vous. C’est un endroit magique avec des plages blanches époustouflantes et des eaux turquoises et chatoyantes. On se serait cru dans les Caraïbes, si ce n’était de la température de l’eau, beaucoup plus fraîche. Cela n’a pas empêché les membres de l’expédition de s’y baigner.

Sur place, nous avons appris comment Parcs Canada s’efforce d’adapter les parcs côtiers comme Kejimkujik aux changements climatiques, notamment par la création de réseaux de sentiers côtiers adaptés au climat et la possibilité d’ajouter de petites portions aux terres qui entourent le parc comme tampon climatique. Ces tampons permettent d’accroître l’habitat des espèces qui y habitent à mesure que les conditions changent dans cette région. Nous avons également eu une visite courte, mais fort agréable de Craig Stewart, qui copréside la Table consultative sur la résilience et la sécurité en cas de catastrophe avec Sécurité publique Canada. Il s’agit de l’une des cinq tables consultatives qui fournissent des commentaires au gouvernement fédéral dans le cadre de la création d’une stratégie nationale d’adaptation aux changements climatiques, dont la publication est prévue cet automne. « Notre tâche a consisté à élaborer un plan de match pour faire face à l’escalade des catastrophes découlant du changement climatique », nous a-t-il dit lors d’une présentation.
Son exposé tombait à point nommé, puisque l’ouragan Fiona venait de traverser le Canada atlantique, laissant dans son sillage un chemin de dévastation. Qu’il s’agisse de feux de forêt, de vagues de chaleur, de sécheresses, d’inondations ou de tempêtes massives, Craig affirme qu’il est certain que nous continuerons à en voir de plus en plus.
« C’est une tendance qui va se poursuivre à l’avenir. Nous ne pouvons plus considérer ces phénomènes comme des événements ponctuels. Nous devons être préparés et nous devons commencer à penser de manière systémique à la façon dont nous allons être préparés. » – Craig Stewart
Le prochain arrêt de notre voyage à bord du navire Polar Prince nous emmène dans l’archipel des 100 Wilds Islands. Restez à l’affût, car nul doute que d’autres aventures suivront.
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