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Expédition de Kalaallit Nunaat au Nunavut : blogue de réflexion des jeunes 2

Ce blogue est un récit réflexif rédigé par les jeunes participant·es à l’expédition De Kalaallit Nunaat au Nunavut 2024. Par leurs voix collectives, ils et elles partagent leurs expériences, leurs défis et les liens significatifs qu’ils et elles ont tissé·es tout au long du voyage.

Au cours de la dernière semaine et demie, nous avons terminé notre visite au Groenland, puis traversé le détroit de Davis et voyagé vers l’ouest à travers le Nord canadien. Bien que la majorité de notre groupe vive dans ce pays, nous avons été frappé·es par la beauté de la toundra, qui ne ressemble à rien de ce que nous avons connu ailleurs.

Nous avons escaladé le mont King George dans la baie de l’Arctique, visité les falaises à oiseaux de l’île Prince Leopold et observé les glaciers de la baie de Croker. Même si ce paysage peut sembler austère, immobile et intemporel, nous avons pris conscience des forces incroyables de la roche et de l’eau qui remodèlent constamment le terrain, ainsi que des cycles biologiques qui sont essentiels à la vie dans la toundra. Le long de la côte de Qeqertarsuaq, au Groenland, nous avons contourné des formations de colonnes de basalte et traversé des grottes creusées par les vagues lors d’une excursion en zodiac. À Croker Bay, nous avons eu la chance de faire un tour en hélicoptère autour d’énormes glaciers qui faisaient partie de la calotte glaciaire du Devon, et d’observer les fissures qui se forment dans les glaciers. Ces fissures, combinées au lent mouvement du glacier vers la mer, finissent par provoquer le vêlage des icebergs.

Parallèlement à nos observations, notre apprentissage de cette semaine s’est concentré sur les effets du changement climatique sur les glaciers et les conséquences qui en découlent pour les écosystèmes de l’Arctique. Nous avons appris que les glaciers ont fondu et vêlé à un rythme plus rapide au cours des dernières décennies, réduisant la couverture glaciaire et contribuant à l’élévation du niveau de la mer. Nous avons également appris que la quantité et l’épaisseur de la glace de mer qui se forme chaque année diminuent considérablement en raison de l’augmentation des températures. Cela entraîne une perte substantielle d’habitats pour des animaux tels que les ours polaires.

Compte tenu des perspectives peu réjouissantes pour l’Arctique, nous sommes nombreux·ses à nous demander comment garder espoir. Une leçon d’espoir nous a été donnée par un ours polaire que nous avons vu en train de manger un phoque dans la baie de Croker. En effet, nous avons vu l’ours tuer le phoque dans l’eau et le traîner sur un iceberg pour le manger. Il s’agit d’une observation extrêmement rare : les ours polaires chassent généralement sur la glace de mer et, à mesure que la couverture de glace de mer diminue, leurs terrains de chasse diminuent également.

Les ours polaires sont souvent présentés comme des victimes impuissantes du changement climatique. Cette observation est donc un signe encourageant que les ours polaires s’adaptent en fait à un monde en mutation. À bien des égards, c’est ce que nous essayons tous et toutes de faire. Avec le changement climatique, nous ne vivons plus dans le même monde que celui dans lequel nos parents ont grandi. Pour beaucoup d’entre nous, les connaissances traditionnelles sur la vie dans la nature ne sont plus aussi exactes qu’elles l’étaient autrefois en raison de la hausse des températures et du caractère de plus en plus imprévisible de la météo. Nous devons tous et toutes trouver des moyens de nous adapter ; ce n’est pas parce que les choses vont changer que nous devons baisser les bras.

Alors, d’où vient l’espoir? Il y a de nombreuses réponses à cette question, et l’une de celles que nous avons découvertes en particulier, c’est la communauté. Les communautés que nous avons visitées au Nunavut, en particulier à Pond Inlet et à Arctic Bay, ont partagé leur espoir avec nous par des chants de gorge et des danses du tambour qui témoignent de leur résilience au fil du temps et de la fierté qu’elles tirent encore aujourd’hui de leur culture. Ces communautés font également progresser les initiatives de conservation par le biais d’accords de cogestion afin de protéger les terres et les eaux de l’Arctique selon leurs propres termes. Un exemple récent dont nous avons pris connaissance est l’accord qui régit l’aire marine nationale de conservation Tallurutiup Imanga, dirigée par un conseil composé d’un nombre égal d’Inuit·es et de Canadien·nes, qui prend des décisions par consensus en tenant compte de l’Inuit Qaujimajatuqangit. Cette approche garantit non seulement que les connaissances et les perspectives traditionnelles des Inuit·es font partie intégrante du processus de gestion, mais elle favorise également une relation de collaboration qui respecte et intègre à la fois les points de vue autochtones et scientifiques.

Nous avons également trouvé beaucoup d’espoir au sein de notre propre communauté. D’après notre travail sur le terrain ou nos études, nous nous soucions tous et toutes profondément des écosystèmes et des communautés de l’Arctique et, plus généralement, de l’état de la planète. Il est passionnant pour nous de voir se multiplier les occasions d’exprimer nos espoirs pour l’avenir, à la fois au cours de cette expédition et au-delà. En nous engageant et en apprenant des diverses voix de ces communautés arctiques, nous avons été inspiré·es par leur résilience et leurs approches novatrices de la gestion de l’environnement. Cette expérience a suscité chez nous un engagement commun en faveur de solutions durables et d’un impact positif, en veillant à ce que les leçons que nous avons apprises se traduisent par des actions significatives en faveur de la préservation de notre planète.

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