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Jeunes en vedette : stage d’Alissa Sallans à la station de recherche du lac Kluane

Voici Alissa Sallans. Cette étudiante d’Inuvik (T.N.-O.) est à Ottawa pour quelques mois, où elle termine une maîtrise en durabilité environnementale axée sur les systèmes alimentaires dans le Nord.

L’été dernier, Alissa a effectué un stage dans le cadre du programme d’action directe d’Ocean Wise, qui offre aux jeunes des stages pour en apprendre davantage sur le travail de conservation aquatique effectué à travers le Canada. Son stage s’est déroulé à la Station de recherche du lac Kluane (KLRS), au Yukon, exploitée par l’Institut arctique de l’Amérique du Nord de l’Université de Calgary.

Le stage d’Alissa était sous la supervision et le mentorat de Kristina Miller, candidate au doctorat en géographie à l’Université de Calgary (Alberta) et ancienne coordonnatrice régionale de Plein cap vers un avenir bleu. Le travail de Kristina porte sur l’incidence du changement climatique sur la disponibilité de l’eau dans le bassin versant du Lhù’ààn Mân (le mot tutchone du sud pour « lac Kluane »).

« Je voulais en savoir plus sur les liens entre l’eau et les autres sujets qui m’intéressent. Je me préoccupe beaucoup du changement climatique et des systèmes alimentaires, par exemple, et l’eau est véritablement au cœur de ces deux choses, » a-t-elle déclaré.

Au cours de son stage, Alissa a travaillé sur un projet de cartographie pour aider à identifier l’origine des eaux souterraines autour de la station de recherche, et a mis sur pied un module pédagogique sur les eaux souterraines pour les étudiants en visite.

Elle a également participé à la mesure du débit de la crique qui alimente Lhù’ààn Mân. Les données recueillies aideront Kristina à comprendre comments les voies d’entrée de l’eau dans le lac changent et comment cela affecte la profondeur du lac.

Pendant longtemps, le lac était alimenté par l’« A’ą̈y Chù » (la rivière Slims, langue tutchone du sud), née en grande partie grâce à l’eau de fonte du glacier Kaskawulsh. En raison du changement climatique, toutefois, le recul du glacier a entraîné une diminution significative du débit volumétrique de la rivière, ce qui a entraîné une baisse du niveau d’eau du lac d’environ deux mètres.

Ces changements affectent les communautés environnantes. Les sédiments exposés de la rivière provoquent des tempêtes de poussière. La première fois qu’Alissa en a fait l’expérience, elle a cru que c’était de la fumée.

« On ne voyait pas les montagnes, et j’ai trouvé cela complètement fou, mais ça arrive souvent, » a-t-elle déclaré, ajoutant que les chercheurs de la station étudient la composition de la poussière transportée depuis la vallée.

Ces changements affectent également les communautés qui dépendent de la pêche, puisque les rapports font état d’un déclin du nombre de saumons kéta frayant dans le lac.

Alissa a déclaré que l’intersectionnalité entre l’environnement et les disciplines scientifiques sont quelque chose qu’elle a appris au cours de ce stage. Cela fait écho à ce qu’elle a retenu de l’expédition de SOI en Antarctique à laquelle elle a participé en 2014.

« Au secondaire, je me concentrais uniquement sur l’action climatique et c’était tout ce qui m’intéressait. Cependant, mon expédition avec SOI m’a fait réaliser qu’on ne peut pas penser au changement climatique sans penser aux écosystèmes, on ne peut pas penser aux écosystèmes sans penser à l’eau, on ne peut pas penser à l’eau sans penser aux glaciers, et ainsi de suite, » a-t-elle expliqué.

Passionnée par le développement communautaire et les systèmes alimentaires, Alissa croit que le fait d’être basée à Inuvik lui a montré la valeur intrinsèque de la vie sur le territoire, tant au point de vue culturel qu’économique et environnemental.

« À mesure que le changement climatique influe sur le mouvement et l’abondance des espèces, la durabilité de l’alimentation s’en ressentira, en particulier dans le Nord, » a-t-elle affirmé. « Lorsqu’on pense à la durabilité de l’environnement, on doit également penser à la nourriture et à l’eau… ce stage m’a permis de réaliser qu’il est important de comprendre d’où vient l’eau afin de la protéger et de la conserver. »

Le stage a également permis à Alissa de découvrir d’autres carrières qu’elle n’avait jamais considérées auparavant. Elle a déclaré que le fait de bâtir son réseau en discutant avec les chercheurs qui venaient à la KLRS et d’en apprendre davantage sur leur travail lui a enseigné « de nouvelles façons de penser. »

« Le fait de parler à des personnes travaillant dans des domaines qui m’intéressent et de leur demander comment on peut apprendre d’elles a été pour moi une partie importante de mon apprentissage, » a-t-elle déclaré.