IMPAC5 : conservation dirigée par les Autochtones et économie bleue durable
Par: Inda Intiar
En février, l’équipe de Plein cap vers un avenir bleu a participé au cinquième congrès international sur les aires marines protégées (IMPAC5) à Vancouver, sur les territoires des nations xʷməθkʷəy̓əm (Musqueam), Sḵwx̱wú7mesh (Squamish) et səlilwətaɬ (Tsleil-Waututh).
L’événement était organisé conjointement par les gouvernements provincial et fédéral, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP).
Il a eu lieu quelques mois après que la communauté internationale se soit fixé pour objectif de protéger un tiers de la planète d’ici à 2030, en mettant l’accent sur les droits des peuples autochtones. Cela signifie qu’au cours des huit prochaines années, les aires marines protégées et conservées devront passer d’environ 8 % au niveau mondial à 30 % – un objectif communément appelé « 30 x 30 ».
L’un des enseignements tirés du congrès est que le leadership autochtone est essentiel à la réussite des programmes de protection marine. Au cours du congrès, nous avons pris connaissance de nombreuses initiatives de cogestion qui ont progressé.
Les films et les débats ont clairement montré que le courage, la collaboration et la persévérance sont nécessaires pour faire avancer les initiatives menées par les Autochtones.
Par exemple, c’est un travail acharné durant plus de deux décennies qui a permis à 15 Premières Nations d’assumer la gestion d’un réseau d’aires marines protégées qui couvre près de 70 % de la côte ouest du Canada. Le réseau historique d’AMP de la zone du Grand Ours est une initiative développée conjointement par les Premières Nations et les gouvernements provincial et fédéral.

« La cogestion des AMP et des aires marines nationales de conservation (AMNC) est un début, mais il reste encore beaucoup à faire », a déclaré la présidente du conseil tribal Nuu-chah-nulth et éducatrice Cloy-e-iis (Dre Judith Sayers) dans son discours d’ouverture.
Les AMP et le leadership autochtone joueront également un rôle important dans le soutien à l’économie bleue durable.
« Il ne peut y avoir d’économie bleue sans respect des droits des populations autochtones. À moins d’obtenir notre consentement », a ajouté Cloy-e-iis. « La première chose à faire est de préserver l’environnement. Nous devons veiller à ce que nos ressources marines soient suffisantes pour l’avenir. Nous devons veiller à ce que les normes environnementales soient élevées. »
Selon Cloy-e-iis, les problèmes que nous rencontrons aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce qu’ils étaient auparavant. Les Premières Nations avaient l’habitude de pêcher le poisson et la baleine librement, grâce à une relation avec la nature guidée par des connaissances ancestrales.
« Il n’y avait aucun mot dans notre langue pour désigner la conservation et la durabilité, car nous n’en avions pas besoin. Nous n’avions pas besoin de conserver, car c’est ainsi que nous vivions », a-t-elle déclaré.
Danielle Shaw, chef de la nation Wuikinuxv, a déclaré que la pollution des côtes a déjà une incidence sur sa communauté, entraînant la perte de sa culture et de ses moyens de subsistance.
« Il ne s’agit pas d’un risque futur », a-t-elle déclaré. « Lorsque les océans ne sont pas en bonne santé, lorsque les stocks diminuent, les gens ne mangent pas. Nous savons qu’une côte en bonne santé est ce qui nourrit nos familles, nos communautés et… nos économies. »
De nos jours, de nombreux obstacles empêchent les Premières Nations de participer à l’économie bleue en raison de politiques qui montrent que le gouvernement du Canada ne reconnaît toujours pas les modes de vie autochtones et qu’il donne la priorité aux besoins commerciaux, croit Cloy-e-iis.
Les partenariats, le financement du renforcement des capacités, la formation des jeunes pour qu’ils renouent avec l’océan et la conservation sont essentiels pour relancer une base économique conforme aux traditions et aux lois des Premières Nations.
« Nous avons notre place dans l’économie bleue, mais nous la prendrons avec beaucoup de prudence », a-t-elle déclaré. « Nous le ferons dans le respect de nos principes. »
Pendant le congrès, l’équipe de Plein cap vers un avenir bleu a organisé une séance de partage des connaissances avec de jeunes professionnels, ainsi qu’avec des partenaires actuels et potentiels.
Là aussi, nous avons entendu parler d’un besoin de leadership autochtone, de financement à long terme, de formation et de soutien pour davantage d’occasions d’apprentissage expérientiel. Les discussions qui ont eu lieu pendant cette séance serviront de base à la prochaine phase du programme.
La phase actuelle de Plein cap vers un avenir bleu, la phase deux, est en cours d’évaluation. Restez à l’écoute pour en savoir plus sur nos leçons apprises et l’incidence de nos activités!