Blue Futures Pathways Expedition: Newfoundland and Labrador – Update 3
Vendredi, nous nous sommes réveillés entourés des falaises du parc national de Gros-Morne, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO sur la côte ouest de Terre-Neuve. Nous avons marché sur le manteau terrestre sur le sentier des Tablelands et découvert les plantes qui survivent dans les conditions difficiles des vallées creusées par les glaciers. Nous avons également assisté à une représentation spéciale de la musicienne en résidence Kellie Loder.

Nous nous sommes ensuite rendus à la station marine de Bonne Bay pour en savoir plus sur la vie marine dans les eaux du parc et aux alentours. Nous avons terminé l’après-midi en nous connectant avec l’eau, en faisant de la planche à bras, du kayak et de la natation à Gadds Harbour, à quelques minutes de zodiac de la station marine.
Le lendemain, dans la ville de Stephenville, nous avons assisté à une présentation de Nujio’qonik, un projet de production d’hydrogène vert de World Energy GH2 qui sera implanté à Stephenville et dans la région de Bay St. George. Le projet utilisera l’énergie éolienne pour produire de l’hydrogène vert et de l’ammoniac liquide qui pourront être utilisés comme carburant renouvelable pour les navires et à d’autres fins. Les participants ont posé des questions aux représentants de l’entreprise et de la ville sur l’incidence environnementale et sociale du projet proposé. Dans le cadre de notre réflexion sur la durabilité, nous avons également discuté de l’incidence que les grands projets pourraient avoir sur les communautés rurales qui ont besoin d’un coup de pouce sur le plan économique.
À Stephenville, nous avons fait nos adieux à Sherry Scully et John Cross et accueilli Misel Joe, chef de la Première Nation Miawpukek, ainsi que Paul Brett de l’Université Memorial. Ensemble, nous avons visionné un court métrage sur le voyage du chef Joe qui, accompagné d’autres membres de sa nation, s’est rendu en canot d’écorce jusqu’à Saint-Pierre-et-Miquelon afin de retracer les anciennes routes commerciales entre les deux communautés.
« Nous sommes un peuple de la terre et un peuple de l’océan, » a déclaré le chef Joe alors qu’il expliquait l’histoire des voyages maritimes des Mi’kmaq.
Dimanche, nous nous sommes réveillés sur une mer agitée, les forts vents d’est ayant soulevé la houle. Nous avons passé la journée à bord à nous renseigner sur les efforts de conservation marine de la Première Nation Miawpukek auprès du chef Joe et de Greg. Le chef Joe nous a rappelé que ce qui se passe sur la terre a une incidence sur l’océan, et vice versa. Nous avons également appris quelques notions de cartographie océanique et assemblé des véhicules sous-marins télécommandés (ROV) avec Paul.

Il était presque l’heure du lunch lorsque nous sommes finalement arrivés à Francois, un port de pêche situé à l’extrémité d’un petit fjord. Francois a été fortement touché par le moratoire sur la pêche à la morue de 1992, et sa population continue de décliner à mesure que les jeunes quittent la région. La communauté reste toutefois inébranlable, refusant les offres de relogement du gouvernement. Après une petite randonnée dans la ville, nous comprenons pourquoi : c’est un endroit magnifique, peuplé de gens accueillants. Nous y avons organisé un lunch-partage et avons célébré la cuisine terre-neuvienne avec la communauté.
Lundi, nous sommes arrivés à Conne River, où vit la Première Nation Miawpukek. Bien que le navire sur lequel nous nous trouvons appartienne à la nation, c’est la première fois qu’il navigue à cet endroit. Les membres de la communauté se sont relayés pour visiter le navire tandis que notre équipe d’expédition et les participants, à terre, découvraient la culture mi’kmaq. Nous avons bu du thé et mangé du luskinikin (un pain traditionnel) avec l’aînée Priscilla Drew, fait une promenade médicale avec le chef Joe et d’autres membres de la communauté, et mangé de la soupe à l’orignal pour le lunch. Elle était si délicieuse que certains d’entre nous en ont repris une portion!
L’après-midi, Kellie a donné un spectacle pour la communauté, suivi de chants de gorge et de tambours inuits par Alex et Rosemary. Les jeunes de Miawpukek ont joué du tambour, chanté des chansons mi’kmaq et exécuté des danses traditionnelles. Connor, un participant de la Première Nation mi’kmaq de Millbrook, en Nouvelle-Écosse, a également été invité à jouer du tambour et à chanter.
Comprendre l’histoire, les cultures et les moyens de subsistance des communautés côtières nous aide à mieux contextualiser ce que signifie une économie bleue durable.
De retour sur le bateau, la participante Kianna Bear-Hetherington a raconté son expérience en tant que femme wolastoqey dans les domaines des sciences, de la technologie, de l’ingénierie et des mathématiques (STIM). Kianna est la première Autochtone à être majore de promotion dans un domaine lié aux STIM à l’Université du Nouveau-Brunswick, où elle a étudié.

L’éducateur Ken Paul, un membre de la communauté wolastoqey de Neqotkuk qui possède une grande expertise des droits protégés par les traités, de la pêche et des sciences océaniques, nous a présenté un cadre pour une économie bleue durable qui est basé sur l’enseignement de la roue médicinale, ainsi que sur le concept de la vision à deux yeux. Appelé Etuaptmumk en langue mi’kmaq, ce terme a été inventé par l’aîné Albert Marshall, sa défunte épouse Murdena Marshall et la professeure de biologie Cheryl Bartlett. Il s’agit de voir le monde en s’appuyant sur les points forts des modes de connaissance à la fois autochtones et occidentaux, dans l’intérêt de tous.
« On ne peut pas avoir un savoir occidental ici et un savoir autochtone là-bas et appeler cela une vision à deux yeux, » a déclaré Ken. « De temps en temps, il y aura des conflits entre les deux systèmes de connaissances. C’est la résolution de ces conflits qui importe. »
Lorsque le chef Joe est arrivé à bord, il nous a enseigné le mot mi’kmaq « kesalul », ou « je t’aime ». Après tant de temps passé à tisser des liens avec les communautés, les uns avec les autres et avec la nature, ce mot nous vient à l’esprit lorsque nous repensons à cette journée. Et maintenant, direction la baie de Plaisance!