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Ocean Conservation Expedition: September 21-23

Après avoir dit au revoir à certains participants et en avoir accueilli de nouveaux à Digby le mercredi, nous avons mis le cap sur l’île Brier.

Le temps, bien que couvert et un peu brumeux au début, a coopéré lorsque nous avons commencé notre programme. Nous avons notamment mis notre équipe de plongeurs à l’eau pour la première fois de notre expédition !

Claire Goodwin, chercheuse scientifique au Centre des sciences de la mer Huntsman à St. Andrews, au Nouveau-Brunswick, et Millie Mannering, boursière australasienne de la Société de bourses d’études sous-marines Our World, ont sauté par-dessus le côté d’un zodiac pour effectuer deux plongées ce jour-là – l’une dans un site de moules à cheval et l’autre dans un site d’herbes marines à l’extrémité nord de l’île. Elles ont vu beaucoup de grosses moules et de homards, et ont été accueillies par un lit d’herbe luxuriant.

Claire et Millie en route pour une de leurs plongées !

 

Elles collectent des espèces d’invertébrés marins (escargots, étoiles de mer, vers, éponges) afin de les identifier et de les séquencer pour obtenir une partie de leur matériel génétique, appelé code-barres. Il s’agit de fragments d’ADN très courts qui sont uniques à chaque espèce et qui peuvent être utilisés pour les identifier sans recourir à la taxonomie traditionnelle. Si le code-barres figure déjà dans une base de données, on sait que l’espèce a déjà été présente dans la région.

Le projet de Claire tente d’alimenter des bases de données comme le Barcode of Life afin qu’elles soient plus complètes. Les travaux sont financés dans le cadre d’un programme de Pêches et Océans Canada visant à créer des outils de surveillance des aires marines protégées. Cela pourrait aider les scientifiques à utiliser l’ADN environnemental comme outil de surveillance des AMP à l’avenir.

Le fait d’être à bord du Polar Prince a certainement facilité ; le travail de collecte de Claire.

« C’est génial, en fait. Nous avons pu visiter des habitats dans la baie de Fundy et sur la côte de la Nouvelle-Écosse. Normalement, lors d’une expédition, nous sommes basés à terre et, bien que nous puissions visiter plusieurs sites dans une même région, nous ne nous rendons normalement pas dans de nombreux endroits différents comme nous le faisons sur ce navire. Donc, c’est génial pour ce projet. » – Claire Goodwin

Pendant que Claire et Millie ramassaient des animaux marins au large de la côte, le reste du groupe a débarqué sur l’île Brier où il a été accueilli par Nick Hill, de l’Association de la réserve de biosphère de Southwest Nova. Cette région abrite la plante la plus rare du Canada : la dryade à feuilles entières. Ces petites fleurs sauvages ne poussent qu’à un seul autre endroit dans le monde – les White Mountains du New Hampshire, mais 95 % d’entre elles se trouvent ici. Le groupe de Nick essaie d’étendre ce phénomène. Conservation de la nature Canada a créé la réserve naturelle de l’île Brier, d’une superficie de 1 200 acres, en 1988, en partie pour protéger cette plante. Depuis 2012, CNC, en collaboration avec des résidents concernés comme Nick, participe également à un projet visant à inverser la dégradation de l’habitat de la dryade et à le restaurer. Dans les années 1950, des propriétaires fonciers ont créé des fossés pour tenter de drainer une tourbière dans la région à des fins d’agriculture. En conséquence, les goélands nicheurs ont établi une colonie, l’une des plus importantes de la province, ce qui a créé des problèmes pour l’écosystème.

En traversant la tourbière pour voir de près cette plante rare, nous avons été récompensés par une vue magnifique. Nous nous sommes ensuite frayé un chemin dans la boue et sur les rochers le long de la côte en direction du phare.

Après une journée complète de recherche et d’exploration, nous sommes retournés sur le Polar Prince. Le jour suivant, nous sommes partis pour l’île Seal.

Malgré un temps peu clément en direction de la Nouvelle-Écosse, nous avons été accueillis par un ciel magnifique et par Lynn, l’une des deux résidentes actuelles de l’île, un personnage haut en couleur, plein d’esprit et d’histoires. L’équipage du Polar Prince leur a également ramené des vivres pour les aider à traverser la tempête qui approchait.

Pendant que certains d’entre nous partaient explorer l’île, y compris le phare et le cimetière des chiens, les autres partaient le long de la plage. Notre destination : un étang où Doug Hynes, du Service canadien de la faune (SCF), et Ada Alvarez-Manzaneda Salcedo, de l’Université Queen’s, ont prélevé des carottes du fond tourbeux. Doug a également récupéré plusieurs dispositifs d’enregistrement acoustique qui avaient été laissés sur l’île.

Ada examine sa carotte prélevée dans l’étang !

 

En après-midi, après être revenu sur le navire, Doug a fait une présentation sur la surveillance des aires protégées par le SCF dans la région de l’Atlantique. Compte tenu de l’engagement du Canada à protéger 30 % de ses océans d’ici 2030, le SCF a identifié des zones susceptibles d’être protégées.

Dans de nombreux cas, il y a un manque de données de référence disponibles sur les espèces présentes sur ces sites et sur leur emplacement. Bien qu’il y ait des bribes d’informations ici et là, certaines sont périmées et dans d’autres cas, elles n’existent tout simplement pas. C’est ce que les recherches de Doug s’efforcent de déterminer.

« Tout cela contribuera à éclairer les décisions sur le degré de priorité que nous voulons accorder à un endroit donné. C’est presque comme un triage. Y a-t-il des endroits importants qui ont beaucoup de bonne diversité ? » – Doug Hynes

La présence ou non de l’humain dans une zone donnée est également un élément à prendre en compte, car l’humain peut potentiellement introduire d’autres complexités. Doug utilise l’échantillonnage de l’ADN environnemental pour caractériser rapidement ce qui est présent dans un lieu donné. « En quelques heures, on peut prélever de l’eau, l’envoyer au laboratoire, faire analyser l’ADN et obtenir une liste des espèces présentes. Nous pouvons faire tout cela avec quelques échantillons », explique-t-il.

En enregistrant le son de la faune de la région, les dispositifs d’écoute qu’il a récupérés aident également à identifier les espèces qui y vivent. Les carottes prélevées dans l’étang permettent de dresser un tableau de l’évolution de l’habitat au fil des ans. « Ce sont trois ou quatre outils que nous pouvons rapidement déployer et installer dans l’environnement pour recueillir des données sur ce qui vit là et où, et quelles espèces et où. Nous pouvons faire cela assez rapidement, le tout avec quelques échantillons. »

Gabrielle Beaulieu, conseillère principale en conservation marine à Parcs Canada, nous a également parlé des efforts déployés depuis 10 ans par l’agence pour lutter contre le crabe vert européen envahissant, qui a pris racine dans la région après avoir été transporté ici dans les eaux de ballast des navires. Malgré leur petite taille, ils représentent un gros problème. Leur présence coïncide avec une perte de 98 % des zostères dans les estuaires de Kejimkujik Bord de mer. C’est inquiétant, car la zostère est une espèce clé de la côte qui fournit un habitat de croissance pour presque toutes les espèces commerciales que nous aimons consommer. Les myes juvéniles, qui sont la proie de prédilection des crabes verts, étaient également pratiquement inexistantes dans la zone en 2009.

Un crabe vert, une espèce envahissante.

 

De 2009 à 2019, avec l’aide de pêcheurs locaux, de partenaires et d’étudiants, Parcs Canada a réussi à piéger plus de 2 millions de crabes verts à l’aide de chaloupes, et à les retirer de l’environnement. Au cours de cette période, 36 % des herbiers de zostères sont revenus, tout comme les myes juvéniles.

« Parcs Canada a fait un excellent travail en démontrant que dans un système semi-fermé – un estuaire – nous pouvons, avec beaucoup d’efforts, influencer la façon dont une espèce envahissante affecte ces endroits. L’objectif n’était pas de les éradiquer ; il s’agissait de ralentir leur incidence afin que les espèces indigènes aient le temps de s’adapter. Et nous y sommes parvenus. C’était plutôt fantastique à voir. » – Gabrielle Beaulieu, conseillère principale de la conservation marine, Parcs Canada

Après une soirée éducative dans le hangar, nous nous sommes dirigés vers nos cabines, impatients de voir ce que la météo nous réserverait. Cette nuit-là, les vents et la houle se sont levés plus que prévu. Nos efforts de recherche ont donc dû attendre, car le capitaine Gilles a décidé que la chose la plus sûre à faire était de se rendre dans un port et d’attendre la fin de la tempête.

Au matin, nous nous sommes réveillés dans les eaux plus calmes du port de Shelburne. Sachant que nous risquions de rester ici pendant un certain temps, l’équipe a profité des conditions pour faire une dernière plongée. Le reste de notre équipe est monté à bord des canots pneumatiques et s’est rendu en ville. En explorant le port, nous avons rassemblé quelques fournitures essentielles (croustilles et collations de tempête) et sommes retournés au bateau avant que la situation ne devienne trop houleuse.

Nous avons attendu la fin de la tempête à l’abri du Polar Prince, solidement ancré dans le port de Shelburne. En un rien de temps, le capitaine Gilles a décidé que nous pouvions reprendre la mer en toute sécurité et poursuivre notre expédition !

Que l’apprentissage continue !

 

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